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Date de création : 06.11.2009
Dernière mise à jour : 21.01.2016
178 articles


Clandestinopolis
Houda sous tous les angles

pièces de théâtre

LE MUR

LE MUR

Zoo-In est au milieu de la scène. Au fond. Il tourne le dos au public. Il débite son discours, avec de grands gestes. A la fin, il se tourne, ôte sa casquette et salue le peuple imaginaire. Il reste sur place, et comme une star, il distribue des sourires et des baisers. Durant tout son discours, des prisonniers sont alignés. Ils ont la tête baissée et semblent être tétanisés par la peur. Deux officiers surgissent côté cour et jardin et collent au dos des prisonniers des étiquettes, qu’ils colorent en jaune, en rouge et en violet. Puis, les renvoient vers des directions opposées.

 

Zoo-In : « Cher peuple chinois, chers peuples du monde civilisé ! Moi, Zoo-In, Petit Père des Peuples, je vous ai compris ! Je connais le mal qui vous ronge. Cela fait maintenant quelques mois, que la guerre a commencé, à cause de ces sales Boches, qui veulent s’accaparer toute l’eau du globe, déjà qu’il n’y en a pas suffisamment pour nous… L’eau est la plus grande des richesses, les Fritz feront tout pour nous empêcher d’y accéder ! Ras le bol de cette situation, vous le savez, et je le sais, aussi ! J’en appelle à vous, nations civilisées, et à nos amis américains, afin de nous débarrasser de ces nuisibles Wisigoths ! Il est temps de prendre notre revanche sur ce qu’ils ont commis, il y a déjà plus d’un siècle, en exterminant six millions de personnes ; des communistes, oui, je dis bien, des communistes, des juifs, des Tziganes, des homosexuels, des handicapés et j’en passe… La race « aryenne » est parvenue à dominer la moitié de l’Europe, mais elle n’aura pas le Monde ! Cette vermine de Teutons croit être la plus forte, la plus belle et la plus intelligente, mais c’est FAUX ! Ces Vandales ne sont que de minables dépigmentés, des sans-mélanine, des albinos, des daltoniens, aux yeux délavés, qui crachent, plus qu’ils ne parlent, et qui portent en eux le Mal éternel ! Il nous faut une revanche, et nous l’aurons, je vous le promets ! Nous assoifferons leurs femmes et assècherons leurs terres ! Nous déshydraterons leurs enfants et nos machines puissantes aspireront l’eau du Danube, du Rhin et de l’Elbe, et il ne leur restera que leurs yeux pour pleurer ! Peuples civilisés, montrons-leurs que nous ne sommes pas des lâches et qu’aujourd’hui, c’est nous, l’axe du bien et EUX, l’axe du mal ! Ensemble, retrouvons notre dignité et éradiquons cette sale engeance ! Au nom du vieux pays, de l’Empire du milieu, je vous salue ! »

 

Arrive Angélique, habillée en blanc. Elle prend Zoo-In par la main et le fait asseoir en face d’elle. Elle lui explique la recette de la société idéale. Tout au long de son monologue, il prend un air de plus en plus martial. Il commence par bander ses yeux puis finit par se boucher les oreilles. Il finit par tourner le dos au public, tout en restant assis. Derrière eux, les prisonniers reviennent. Ils arrachent les étiquettes sur leur dos et ensemble, dansent la ronde de la paix.

 

Angélique : (toujours le sourire aux lèvres, un peu comme une présentatrice) « Pour créer une société idéale, il vous faut les ingrédients suivants :

-250 grammes de tolérance

-3 cuillères à soupe de partage

-1 Kilogramme de respect

-1 pincée d’honnêteté

-5 cuillères à soupe de responsabilité

-Un zeste de tendresse

50 centilitres d’amour pur

500 grammes de solidarité

50 grammes de sourire

10 cuillères à café d’égalité

Préparation :

Préchauffez votre four à 200°C. Commencez par verser les 250 grammes de tolérance, dans un grand saladier. Ajoutez les 500 grammes des solidarité et les 10 cuillères à café d’égalité. Mélangez le tout au batteur et additionnez, petit à petit le kilogramme de respect, les trois cuillères de partage et les cinq cuillères de responsabilité, les 50 grammes de sourire et les 50 centilitres d’amour pur. Versez votre préparation dans un moule, après l’avoir beurré et mettez-la au four préchauffé. Faites cuire pendant 30 mn, puis laissez reposer pendant 20 minutes, avant de saupoudrer le tout, d’un zeste de tendresse et d’une pincée d’honnêteté. Pour parfaire votre nappage, relevez avec un peu de culture, grattez le surplus de préjugés à la surface, et vous obtiendrez ainsi, un monde intègre, sain et équilibré. Vous pouvez alors, savourer pleinement tout ce bonheur à pleines dents ! « 

 

Elle applaudit. Les prisonniers continuent à danser et Zoo-In retire son bandeau. Il semble très énervé et pousse angélique très violemment. Il semble tout d’un coup, se rendre compte de la présence des danseurs-prisonniers, qui à leur tour, s’immobilisent, se mettent en file indienne et font le salut nazi. Il en choisit deux au hasard. Les autres restent figés. Angélique se joint à eux. Elle a la tête baissée. Elle sort une étiquette jaune de sa poche et se la colle sur le dos.)

 

Zoo-In : « Toi et toi. Avancez. Vous êtes Allemands ? »

 

: « Non. »

 

2 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Vous êtes Chinois, Américains ? »

 

1 : « Non. »

 

2 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Prouvez-moi que vous n’êtes pas Allemands. Racontez-moi une histoire ! »

 

1 et 2. Comme s’ils étaient dans un magasin. 1 choisit un produit, ne voyant pas le prix affiché dessus, elle demande l’aide de 1, un vendeur, qui venait juste de passer.

 

: « Bonjour Monsieur, combien ça coûte ? »

 

2 :(désignant un autre produit) : « Bonjour. Pourquoi ne prenez-vous donc pas, plutôt, celui-ci. »

 

1: « Monsieur, je vous ai demandé le prix de CE produit ! »

 

2 : « Vous ne seriez pas en mesure, de le payer. D’après ce que je vois, son prix dépasse vos petits moyens ! »

 

1 : « Monsieur, je suis une cliente comme les autres et je suis libre de choisir ce qui me plaît ! »

2 : « Montrez-moi donc, votre argent, qu’on en finisse ! »

 

1 : « Je ne suis pas obligée de le faire ! Vous devriez changer de métier, cher Monsieur. Ici, vous n’êtes pas à votre place ! »

 

2 : (furieux. Il abandonne la cliente.) : « Endettez-vous donc, si vous le voulez ! C’est à cause de gens comme vous que le trou de la sécurité sociale se creuse ! »

 

Zoo-In (s’adressant à des soldats imaginaires.) « Tuez-les ! Ils sont en train de se germaniser ! »

 

1 et 2 sont terrorisés. Ils sortent tête baissée. Ils ne savent pas ce qui leur arrive. Les autres prisonniers les suivent du regard. Zoo- In choisit deux autres prisonniers.

 

Zoo-In : « Toi et toi. Avancez. Vous êtes Allemands ? »

 

: « Non. »

 

4 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Vous êtes Chinois, Américains ? »

3 : « Non. »

 

4 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Prouvez-moi que vous n’êtes pas Allemands. Racontez-moi une histoire ! »

 

3 : « Je suis rose. En plus d’être rose, je suis naine. J’aimerais bien être grande et belle. Mes jambes en bois me font souffrir. Un accident de train a broyé mes pieds et mes jambes. »

 

Zoo-In : « Tu es inutile à la Nation civilisée (à des soldats imaginaires.) Fusillez ce monstre!(3 sort, en claudiquant. Zoo-In s’adresse à 4) Toi, raconte ! »

 

4 : « Je m’appelle 4. Je suis blanc. Pas vraiment blanc, mais assez blanc pour ne pas être pris pour un noir. Mais j’ai un petit défaut ; j’ai perdu un œil, à cause de la guerre. Une flèche l’a transpercé. Ma religion, c’est le Zozado, une religion très peu connue. J’ai vu mon frère mourir devant mes yeux. Quelqu’un lui a coupé la tête. »

 

Zoo-In : « Tu es en train de te nordiser. (à des soldats imaginaires.) Coupez-lui la tête, il bu beaucoup d’eau, beaucoup plus, que la ration autorisée ! » (4 sort la tête baissée.)

 

(Tout d’un coup, cinq révoltés surgissent de nulle part. Zoo-In les regarde avec fascination. Il finit par se bander les yeux, pour ne pas les voir. )

 

A (au milieu de la scène) :

« Tous ceux qui me parlent de races,

Ne sont que de minables rapaces

Ils veulent ronger ce qui reste de ma carcasse

Mais ils ne savent pas que je leur ferai face »

 

: « Le petit noir chute de haut. Il a fait des fautes et se fait écraser par son Supérieur. »

 

(Simultanément, avec la réplique de B) Carrache une partie de sa joue droite, une partie de sa joue gauche, les écrase entre ses mains, les jette par terre et les écrase avec son pied gauche.

 

D :

« L’homme noir, jadis, fort,

Regarde sa lente chute, dans ce monde de terriens

Marginalisé, par la faute des historiens,

En fin de compte, se retrouve, écrasé sans rien

 

(Simultanément, avec la réplique de D) Ecoud symboliquement ses lèvres, puis les découd, ensuite il jette loin le fil qui retenait ses lèvres prisonnières.

 

(Angélique dans la file indienne applaudit. Zoo-in défait son bandage et fusille A, B, C, D et E du regard. Têtes baissées, ils vont tous, grossir les rangs de la file indienne. Zoo-In est de plus en plus agité. Il désigne encore, deux prisonniers.)

 

Zoo-In : « Toi et toi. Avancez. Vous êtes Allemands ? »

: « Non. »

 

6 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Vous êtes Chinois, Américains ? »

5 : « Non. »

 

6 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Prouvez-moi que vous n’êtes pas Allemands. Racontez-moi une histoire ! »

 

(Comme si 5 et 6 étaient dans un bureau de vote.)

 

5 : « Bonjour Madame, je vous prie de m’excuser, c’est ici qu’on vote pour les élections présidentielles ? »

 

: « Pourquoi cherchez-vous le bureau de vote ? C’est uniquement pour les nationaux. »

5 : « Pour voter, évidemment »

 

6 : «  Mais vous êtes noire ! »

 

5 : « Et alors, je suis française et j’ai le droit de voter ! »

6 : « Désolée madame, c’est tout droit, première porte à gauche. »

 

(Comme si 5 et 6 étaient dans un autre espace. Comme s’ils changeaient de personnages.)

 

5 : « Bonjour Madame, c’est pour voter. »

 

6 : «  Est-ce que vous êtes citoyenne française ? »

 

5 : « Qu’es-ce que vous avez contre moi. Si je n’avais pas la nationalité française je ne me serais jamais permise de venir ici !! »

 

6 : «  Montrez-moi votre carte d’identité ! »

 

5 : «  Tenez, la voilà ma carte. Imbécile ! »

 

6 : «  Restez citoyenne jusqu’au bout. Inutile de m’agresser ! Ces naturalisés, une vraie calamité ! »

 

Zoo-In : Vous êtes dangereuses pour la stabilité de nous gouvernements ! (A des soldats imaginaires) Pendez-les par les paupières !

 

 

(5 et 6 sortent, la tête baissée. Zoo-in choisit deux autres prisonniers.)

 

Zoo-In : « Toi et toi. Avancez. Vous êtes Allemands ? »

 

: « Non. »

8 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Vous êtes Chinois, Américains ? »

 

7 : « Non. »

8 : « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Prouvez-moi que vous n’êtes pas Allemands. Racontez-moi une histoire ! »

 

7 : « Qu’est-ce que tu écoutes ? »

 

8 : « J’écoute du Rap. »

7 : «  Ah bon, fais voir ! Mais c’est quoi cette musique de sauvages ? »

 

8 : « N’importe quoi. Je suis passionné par cette musique. »

 

7 : «  Mais comment peux-tu aimer ça ? C’est de la musique de voyous ! »

 

8 : « Pourquoi ces a priori ? »

 

7 : «  Je suis sûr que tu es le genre de garçon qui deal, qui fume des joints, qui traîne en bande et qui fout le bordel partout où il va !! »

8 : «  Non, c’est juste un cliché. Et puis, je suis libre d’écouter ce dont j’ai envie ! »

 

7 : «  Mais comment tu peux aimer ça ?

 

8 : «  Eh Bien, c’est mon droit ! »

 

7 : «  Et c’est aussi mon droit de ne pas aimer ! Tu dois sûrement avoir des choses à cacher ! »

 

8 : «  Cause toujours ! »

 

Zoo-In : « je n’aime que la musique traditionnelle. (A des soldats imaginaires) Emmenez-les à la douche ! »

 

7 et 8 sortent. Toujours, la tête baissée. Tout d’un coup, cinq révoltés surgissent de nulle part. Zoo-In les regarde avec fascination. Il finit par se bander les yeux, pour ne pas les voir.

 

F :(F et G sont au milieu de la scène)

« La politique, je n’en fais pas

Les blancs ne veulent pas

Parce que je suis noir

Descendant d’esclave

Et le jour où je l’ai fait

Ma chute, ils ont causée

Mes espoirs, ils ont écrasés. »

 

(Un peu en décalé avec la réplique de F, G se passe le pouce et l’index sur la bouche, comme pour dire à quelqu’un de se taire.)

 

H : « Cette race qui a plusieurs faces, peut décapiter, même les carcasses, un peu comme un rapace. »

 

I : « Face à cet homme qui m’observait, tel un rapace,

J’ai pris mes jambes à mon cou,

Et trébuché sur une caillasse

Sous la menace de cet horrible bourreau,

Qui me traitait, comme une banale crasse,

Comme les autres négresses de ma race,

Fuyant les coups de fouet et les menaces,

Je disparus, dans la mort choisie,

Sans laisser de traces. »

 

J: « Moi, petite fille, je rêvais d’être chef de cuisine

J’ai fait beaucoup d’efforts

J’ai marché, marché,

Mais la route était longue

Mon rêve, dommage, était une chimère

Car ils n’aimaient ni mon foulard,

Ni mon accent montagnard

Je me suis dit alors,

Comme une esclave travaille

Et mille euros, gagne ! »

 

Angélique chante le chant de « JE SUIS NOIR ET ALORS » Zoo-In est comme ensorcelé par sa voix. Il enlève son bandeau. Il fusille F, G, H, I et J du regard. Ils sont pétrifiés et rejoignent la file. Zoo-in est de plus en plus voûté, comme si un poids imaginaire pesait sur son corps. Zoo-In désigne trois prisonniers.

 

Zoo-In : « Je suis fatigué et j’ai encore un discours à préparer. Toi, toi et toi. Avancez, qu’on en finisse ! Vous êtes Allemands ? »

 

: « Non. »

 

10 : « Moi, non plus. »

 

11 : « Oui, je le suis. »

 

Zoo-In : (Ignorant la réponse de 10) « Vous êtes Chinois, Américains ? »

 

9 : « Non. »

 

10 : « Moi, non plus. »

 

11 : « « Moi, non plus. »

 

Zoo-In : « Prouvez-moi que vous n’êtes pas Allemands. Racontez-moi une histoire et je vous ferai une faveur ! Celui qui me racontera la meilleure histoire, pourra choisir sa mort ; le gaz, la pendaison, la noyade ou l’émasculation ! »

 

9 : « Je m’appelle Isaac Ben Zaken et je suis noir. Je suis avocat, mais je n’ai jamais réussi à décrocher un job, dans un cabinet prestigieux. Cela se passe toujours bien pendant l’entretien téléphonique, mais le jour de l’entretien d’embauche, la réponse est toujours la même, désespérément invariable : « Merci de votre présence, nous vous rappellerons. »

 

10 : « Quand j’ai voulu apprendre le français, il m’a dit que ma place était à la maison et que c’était à lui, d’en décider, parce que c’était, lui l’homme et qu’il avait le droit de me frapper, s’il le souhaitait. Et quand je lui ai répondu que nous vivions dans un pays de liberté et d’égalité, vous savez ce qu’il m’a répondu ? Qu’il allait divorcer et que je n’allais plus pouvoir avoir mes papiers et que j’allais être renvoyée au bled. Alors, j’ai fui. »

 

11 : « Jusque là, je croyais être normal. Normal, signifie bien évidemment, être hétérosexuel, être attiré par le sexe opposé et uniquement par le sexe opposé. Jusqu’à ce jour, où je me suis réveillé dans un lit que je ne connaissais pas aux côtés d’un homme, que j’ai dû rencontrer la veille dans une boîte branchée, lors d’un virée entre amis, dans un bled perdu, loin de Paris. Les questions ont fusé, nombreuses, elles m’ont assailli comme des armes blanches. Et si j’étais gay. Non, impossible, je suis normal. Toute ma famille est homophobe. Mon père est un farouche opposant au mariage pour tous et un fervent catholique. Et pourtant si, j’étais homo. Mon cœur d’homme a vibré pour autre homme. De retour à Paris, mon Apollon d’un jour et moi, avons décidé de continuer notre relation secrète. Pendant huit mois, dans un silence assourdissant, nous avons continué à nous aimer, malgré la peur du jugement et du regard des autres, jusqu’au jour où, par écran interposé, je l’ai vue. J’ai vu une photo. Une photo sur un guéridon. Et tout s’est écroulé. Mon ami, celui-là même qui m’avait promis et juré fidélité, était un homme marié. A ses côtés, le ventre protubérant de sa femme, annonçait une naissance prochaine. Jusque là, j’ai tu ma différence. Je continuerai. »

 

Zoo-In : « Je n’aime pas vos histoires ! Vous êtes des loosers et je n’aime pas les loosers. (A des soldats imaginaires.) Emasculez-les ! Je vais aller écrire mon discours ! »

 

Angélique quitte la file et propose à Zoo-In de l’aider. Elle fait un clin d’œil aux prisonniers.

 

Angélique : « Asseyez-vous ! Laissez-moi vous aider à élaborer votre discours. Vous savez, j’ai été la conseillère de Freï, pendant deux ans. Débattons, il n’y a pas plus salutaire que le débat ! »

 

Angélique et Zoo-In s’assoient.

 

Zoo-In : «Débattons alors. Pour le bien des nations civilisées.  L’étranger est étrange. »

 

Angélique : « C’est parce que vous n’avez jamais cherché à le connaître. Vous êtes resté à la surface de l’étranger. »

 

Zoo-In : « Il vient d’un pays inconnu, avec des coutumes barbares et des rites de sauvage. »

 

Angélique : « Tu n’as qu’à aller le visiter, ce pays méconnu et tu apprendras alors, à mieux le connaître. Tu peux même t’installer là-bas. Tu le sais, toi, que Brazaville, était la capitale de la France, en 1944 ? Tu le sais, toi,queles Algériens, ont été passés à la gégène, c’est-à-dire, que les Français leur branchaient sur les couilles deux fils reliés à des piles et que le courant était à 240 volts. Tu le sais toi, qu’Alger a été la capitale provisoire, de la France ? Peut-être que tu ne sais pas. »

 

Zoo-In : « L’étranger s’installe ICI, dérange nos habitudes, ignore nos valeurs et méprise notre langue. »

 

Angélique : « Tu parles Soninke, toi ? Peut-être que tu parles Wolof ou Bambara… Ah, tu ne parles même pas anglais. »

 

Zoo-In : « L’étranger est un profiteur. Il vit à nos dépens et pompe nos ressources. Il se nourrit d’aides et d’allocations et vole le travail de nos enfants. »

 

Angélique : « C’est vrai. Il y a d’ailleurs, plus de médecins béninois en France, qu’au Bénin. »

 

Zoo-In : « L’étranger est fourbe. Il est magouilleur par nature et n’hésite pas à arnaquer le système pour en tirer le maximum. »

Angélique : « On dit que les Français sont imbus de leurs personnes, désagréables et sales. Mais tu n’es sûrement pas d’accord, n’est-ce pas ?! »

 

Zoo-In : « L’étranger telle une maladie contagieuse prolifère et contamine la société. Pour cela, il enfante et fabrique des tas d’enfants révoltés et insurgés, qui eux aussi, mineront notre équilibre. »

 

Angélique : « Il paraît que nous sommes dans une société vieillissante et que la deuxième et troisième génération, ont arrêté de produire des marmots à la chaîne. Ils en sont à la moyenne nationale… En fait, Zoo-In, ça ne sonne pas un peu Coréen du Nord, ça ??

 

Zoo-In : « Non, Chinois, depuis le Vème siècle avant J-C. »

 

Depuis le début du débat, les prisonniers n’arrêtent pas d’avancer vers Zoo-In, qu’ils finissent par encercler. Ils se jettent sur lui brusquement, lui retirent sa casquette et le piétinent jusqu’à ce qu’il meure. Angélique est adulée et portée sur les bras.

 

Une voix : « Libres, les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droit, et le resteront. »

Par Houda ZEKRI

Dis, tu aimes ça, le viol? (partie I)

Publié le 08/10/2012 à 22:38 par houdazekri Tags : signature png image chez voiture revenu
Dis, tu aimes ça, le viol? (partie I)

 

Lui :Alors ?

Elle :Alors quoi ?

Lui :Alors quoi ?! Quoi ? quoi ? Vas-y !

Elle :Quoi ?

Lui :Vas-y, raconte ! Fais pas ta maline !

Elle :Je comprends pas, de quoi tu parles !

Lui :Tu crois que…

Elle :Que quoi ?

Lui :Que je peux…

Elle :Quoi ?

Lui :Après tout, je ne serai pas le premier…

Elle :Quoi ?

Lui :Ni le dernier

Elle :Tu parles de quoi, au juste ?

Lui :Il a pas de voiture, lui ?

Elle :Non.

Lui :Tu le raccompagnes souvent ?

Elle :Oui. C’est normal.

Lui :Il pourrait prendre un taxi.

Elle : Sûrement.

Lui :Mais il ne le fait pas.

Elle :Non.

Lui :Pourquoi ? Il est près de ses sous ?

Elle :Non, pas du tout !

Lui :Il aime bien ça ?

Elle :Oui.

Lui :Et toi, tu aimes ça ?

Elle :Quoi ?

Lui :Le raccompagner jusque devant chez lui. L’attendre, jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière la porte. Tu aimes bien cette dernière image ; lui, souriant. Tu aimes bien cette image qui s’imprime sur ta rétine et colonise ton cerveau en ébullition amoureuse.

Elle :Oui, j’aime le savoir en sécurité.

Lui :Tu veux ?

Elle :Quoi ?

Lui :Si tu veux pas, je vais pas te forcer.

Elle :Quoi ?

Lui :Il aurait pu rester avec toi, quand même ?

Elle :Quand ?

Lui :Dans la voiture.

Elle :je ne sais pas.

Lui : Il a préféré s’éclipser. Il a voulu sauver sa peau.

Elle :Il est revenu.

Lui : Il est près de ses sous quand même. Il ne prend pas de taxi, il tape un faux code, trois fois, il a tapé un faux code pour ne pas retirer de sous, au distributeur. Ça aurait pu être fatal. Le flic aurait pu perdre patience. Tu l’aimes ?

Elle :Oui.

Lui :Et lui. Est-ce qu’il t’aime, lui ?

Elle :Il me l’a dit.

Lui :Tu es sûre ? Je pense qu’il t’aime pas.

Elle :Pourquoi dis-tu ça ?

Lui :je pourrais être le quatrième ?

Elle :Pourquoi tu dis ça ?

Lui :Je pourrais être le cinquième ou le sixième ou le septième ou le huitième ou le neuvième ou le dixième ou… C’était ton premier ?

Récits de vie:entre là-bas et ici

Publié le 30/07/2012 à 09:31 par houdazekri Tags : signature prénom vie moi monde amour belle mode mort enfant neige
Récits de vie:entre là-bas et ici

Le conteur : C’est un beau pays, vieux comme le monde. C’est un beau pays bien propre, avec des fleuves et des mers, avec des châteaux et un drapeau tricolore, avec des écoles, des universités, avec une Assemblée, un Sénat et un président de la République. C’est un beau pays, il fait bon y vivre ! C’est un beau pays ! C’est une belle forteresse avec des frontières et des plages, sur lesquelles s’échouent des corps sans vie. C’est un beau pays et tous les êtres humains ont envie d’y construire leur vie : des grands, des petits, des chocolatés, des blancs comme neige, des jaunes comme beurre, des rouges comme tomate, des gris comme cendre et des transparents, tellement transparents qu’on voit le monde à travers eux !


100000 : Je m’appelle 100000 et je suis de nationalité sénégalaise. Je suis Dakarois. J’ai seize ans, mais dans ma tête j’ai mille ans ; ma barbe blanche est tellement longue, qu’elle chatouille mes orteils et j’ai la peau tellement fripée qu’elle va se décoller !


Le conteur : C’est un beau pays avec une Révolution et une démocratie ! C’est un beau pays avec des charters, de l’égalité, de la liberté et de la fraternité !


100001 : Je m’appelle 100001 et suis de nationalité sri-lankaise. Je parle cinghalais et je suis bouddhiste, c’est-à-dire que je boude sans cesse, parce que je ne suis jamais content. Je vais bientôt avoir dix-huit ans, mais j’ai peur de grandir, j’ai peur du loup aux ailes d’acier. Dans deux mois, j’aurai dix-huit ans, alors pour empêcher le temps de me faire vieillir, j’ai inventé une astuce : tous les jours, je recule ma montre d’une heure.


Le conteur : C’est un beau pays, avec ses Louis, ses Charlemagne, ses Pétain, ses De Gaulle, ses Mitterrand, ses Chirac et ses Sarkozy. C’est un beau pays avec de jolies couleurs, beaucoup de gris, de cris et de douleurs !


100002 : Je m’appelle 100002 et je suis de nationalité marocaine. Je suis berbère et arabe aussi, par ma mère qui est fassie. Je viens de Casablanca, la Maison Blanche, mais pas celle de Barack Hussein Obama, le premier président noir des Etats-Unis. J’ai quinze ans et cinq frères et sœurs, mais aussi une maman qui m’aime et qui m’attend.


Le conteur : C’est un beau pays avec une sécurité sociale, avec des allocations, une convention internationale des droits de l’enfant, des centres de rétention, des établissements pénitentiaires pour mineurs et une aide sociale à l’enfance. C’est un beau pays, mais ce n’est pas le mien. Moi, je viens d’ailleurs !


100000, 100001 et 100002(en chœur) : C’est un beau pays, mais ce n’est pas le nôtre. Nous, nous venons d’ailleurs.


Le conteur :

C’est un beau pays/ Avec de jolies filles/ Avec des gaillards bien bâtis

C’est un beau pays/ Avec une immigration choisie/ Avec une frontière honnie

C’est un beau pays/ Si tu ne l’aimes pas/ T’as qu’à le quitter


100003 : Mon nom est 100003 et je suis de nationalité afghane. Je parle pashto et viens de Kaboul. Mon père est mort, il y a cinq ans. Je n’ai qu’une sœur. Elle ne s’appelle pas. Ma mère a oublié de lui donner un prénom. A l’âge de six ans, elle a décidé de s’appeler « Azadé ». Tout le monde l’appelle « Aza ». C’est plus facile. Mon papa est mort. Personne ne l’a tué, ni les frappes chirurgicales de l’O.T.A.N, ni le lance-roquettes d’un taliban. Il est juste tombé dans un puits alors qu’il regardait une étoile filante.


Le conteur : C’est un beau pays, n’est-ce pas ?


100000et 100001(en chœur) : Oui, c’est un beau pays avec une fenêtre immense qui donne sur le mode entier, une fenêtre avec des barreaux en or et des vitres noires.


100002et 100003 (en chœur) : Oui, c’est un beau pays avec des jardins publics pour les sans logis et des gares pour les gueux et les marginaux.


La mère : (à 100000) Fils de mon cœur, chair de ma chair, où es-tu ? Fruit de mes entrailles, amour de ma vie, m’entends-tu ?


100000 : Oui, Mère, je suis là. Oui, Mère. Mère !!


Le conteur : (…) Mais mère, à force d’avoir pleuré le départ de son rejeton, a perdu ses yeux et ne vit donc pas son fils. Mais mère, à force d’avoir crié le nom de son enfant, a fini par se faire crever les tympans et ne put entendre la voix de son fils.


Houda ZEKRI

Juin 2012

(à suivre)

Antigone à Tunis (Partie 1)

Publié le 25/06/2012 à 21:06 par houdazekri Tags : tunisie révolution antigone bonne moi homme enfants nuit femmes mort fleurs prénom signature
Antigone à Tunis (Partie 1)

Antigone : « Père. Ce fut une bonne décision. Oui, une très bonne décision ! »

Œdipe : « Je ne sais pas de quoi tu parles. »

Antigone : « Tes yeux crevés. C’est bien. Ce fut une bonne décision. Il n’y a rien à voir. Le pays a revêtu une nuit d’encre et les enfants ne jouent plus dans les rues. »

Œdipe : « Et les femmes, parle-moi des femmes !

Antigone : « Seuls les hommes sont restés. Les hommes sont de plus en plus grands. Des titans cyclopés avec des robes froissées et des barbes tellement longues, qu’ils sont obligés de les enrouler autour de leurs corps… »

Œdipe : « Par la grâce de Zeus et d’Apollon, raconte-moi les femmes de ce pays… Cela fait maintenant un an et demi, que Jocaste est morte. Un an et demi… »

Antigone : « Ce fut une bonne décision, une très sage décision. Se pendre, tant qu’il était encore temps… »

Œdipe : « Cesse donc de creuser les sillons de ma douleur et ne parle pas de la génitrice amante ! »

Antigone : « Pauvre matrie ! Elle n’aurait jamais pu supporter toute cette noirceur, qui envahit nos ruelles et endeuille les cordes à linge de nos ménagères… »

Œdipe : « Et les femmes… Parle-moi d’Hélène, de ses cheveux constellés de fleurs de jasmin, de ses mains nervurées et de cette cigarette qui ne quitte jamais le coin de ses lèvres peintes. »

Antigone : « Morte. »

Œdipe : « Par la cuisse de Jupiter, que dis-tu ? »

Antigone : « Hélène est morte. Père, en plus d’être aveugle, tu es devenu sourd. Sourd aux rumeurs, aux clameurs et aux douleurs. Hélène est morte. Créon l’a condamnée à mort. Comme il t’a condamné à vivre. »

Œdipe : « Je ne comprends rien. »

Antigone : « Rebelle. Hélène a toujours été une rebelle ! »

Œdipe : « A qui le dis-tu ! Hélène la Rebelle !  Raconte-moi l’Insoumise ! Antigone, raconte donc ! j’ai soif de révolte ! »

Antigone : « A peine proclamé roi, Créon se mit en tête de troquer son éternel costume gris, contre une ample robe blanche et de coiffer sa tête, d’un châle tout aussi blanc, que fixait une sorte d’anneau noir… »

Œdipe (Agacé.) : « Que de logorrhées, Antigone ! Va à l’essentiel. Parle-moi d’Hélène ! »

Antigone (Indifférente.) : « Hélène n’est plus, père ! Laisse-moi te raconter Créon. J’y tiens. Après, bien après, ce sera le tour d’Hélène… Créon avait l’air d’un thuriféraire. Ses yeux soulignés au Khôl, sa longue barbe ondulée teinte au henné et ce chapelet qui qu’il ne cessait d’égrener, le rendaient méconnaissable. Un étranger. Voilà ce qu’était devenu Créon aux yeux des Thébains, un illustre étranger. Un illustre inconnu. Et cette manie qu’il avait d’encenser tout le palais. (Voix de Créon.) « Pour purifier les habitants de cette noble demeure », disait-il. Eurydice, en fut toute remuée et refusa de partager sa couche. Heureusement, que cela n’a pas toujours été le cas, sinon Hémon, n’aurait jamais vu le jour et j’aurais été bien malheureuse ! »

(Arrive Hémon. Il est nerveux.)

Hémon : « Antigone. Prométhée de mon cœur, que fais-tu donc là ? »

Œdipe : « Elle s’appelle ANTIGONE. »

Hémon (Pincé.) : « Je sais. Promé… »

Antigone : « Arrête de m’appeler comme ça. Ce n’est parce que parce que son altesse Créon, a décidé par décret royal de bannir mon prénom, sous peine de langue coupée, que tu vas me traiter de Prométhée . Ton père te faire peur ? »

Hémon : « Tu sais bien que tu n’as pas le droit de te promener tête nue. As-tu décidé de braver tous les interdits et de faire tomber à l’eau, notre prochaine union ? »

Œdipe : « Par la foudre de Zeus, qu’est-ce que j’entends ? Suis-je devenu fou en plus d’être aveugle ?

Antigone : « Hémon, quitte ce lieu. Je dois parler à mon père ! »

Hémon : « Mais… (sort un fichu de ses poches et le tend à Antigone.) Couvre-toi au moins, la tête. Hélas, les yeux de Créon sont partout et les ennemis de la liberté veillent au grain… »

Antigone : (Arrache le fichu des mains d’Hémon. Elle le déchire avec les dents.) « Mourir, plutôt que de se couvrir. Périr plutôt que d’obéir. Pars Hémon, Pars ! Ne te retourne plus. Dis à Créon de ne pas s’inquiéter, ses adeptes sont de plus en plus nombreux et la communauté des fidèles ne cesse de s’élargir… »

Œdipe : « Sommes-nous enfin seuls ? »

Antigone : « Oui, père, nous le sommes enfin. »

Œdipe : « Il paraît que comme une nuée de sauterelles, le malheur s’est abattu sur ce pays. Jocaste est morte et Créon coupe les langues et les mains. »

Antigone : « Homme aux pieds enflés, laisse-moi te narrer les femmes. Laisse-moi te parler d’Hélène, tiens. »

Œdipe : « Parle donc. A toi, je peux le dire maintenant. J’ai toujours aimé Hélène. J’aurais voulu avoir un fils d’elle. Laïos, je l’aurais appelé Laïos, du nom de mon père. »

Antigone : « Et Laïos II aurait fini dans une mare de sang, transpercé par la lance de Polynice et égorgé par le couteau d’Etéocle, lui-même, empoisonné par la fléchette de Polynice, lui-même traversé, par une balle de Laïos II ! »

Œdipe (Désemparé.) : « Jamais, je n’aurais maudit le fils d’Hélène ! »

Antigone : « Excuse ces divagations, père, mais le souvenir de mes deux frères, l’un l’instrument fatal de l’autre, hante mes nuits et mes jours. Maudit, soit Créon et ceux qui l’ont aidé à monter sur le trône ! »

Borkan et Ghalayan

Publié le 04/01/2010 à 16:46 par houdazekri Tags : hijab tchador burqua niqab femme islam roman dieu vie voile chez cadeau histoire rose

Autour d’une petite table ronde, deux chaises en bois usées. Une nappe à carreaux rouges et blancs. Deux verres de jus d’orange. Deux jeunes filles assises l’une en face de l’autre. La première porte un voile rose bonbon sur la tête. Elle est maquillée. Elle a trois bagues. Ses sourcils sont bien épilés. La seconde a les cheveux très courts, les sourcils en broussaille, les cheveux hirsutes et de beaux yeux noirs étincelants sous ses lunettes mal nettoyées.

Borkan: « Il fait trente cinq degrés à l’ombre. Tu n’as donc pas chaud avec ce fichu sur la tête. Tu peux l’enlever tu sais, personne ne te regarde, tu n’es pas le centre du monde. » (Borkan tend un mouchoir à Ghalayan) « Tu n’arrêtes pas de transpirer. Tu fais pitié à voir. Ton maquillage dégouline. Tu pues ».

Ghalayan : « Je n’ai besoin ni de tes mouchoirs, ni de tes leçons. Je me sens bien, je suis fraîche, la foi inonde mon cœur de ses bienfaits.... »

Borkan: « Arrête avec ces sottises ! »

Ghalayan : « Je ne te permets pas. Tu offenses le Bon Dieu qui dans sa grandeur a daigné te créer, il t’a dotée de la raison, il t’a fait don de la parole et aujourd’hui tu te révoltes contre lui. Tu lui dois tout, tu sais. »

Borkan : « je ne lui ai rien demandé. Il n’avait qu’à se reposer le septième jour aussi. »

Ghalayan : « Tu ne sais pas ce que tu dis. C’est du blasphème. Je m’en vais. Je ne peux pas continuer à écouter une mécréante comme toi sans rien faire. (Elle se relève mais Borkan l’oblige à se rassoir)

Borkan : « Tu vas m’écouter jusqu’au bout, sans m’interrompre. Ne joue surtout pas à la sainte nitouche avec moi. Tiens voici un voile noir, c’est un cadeau de ma part, le rose attire trop les regards, (elle le lui dépose sur la table), enlève les trois bagues que tu portes et donne-les moi, ne t’inquiète pas, elles serviront à nourrir des gens dans le besoin » ! (Sans comprendre pourquoi elle obéit, Ghalay?n enlève ses bagues et les dépose sur la table). Voilà aussi du démaquillant, tu vas me faire le plaisir de te débarbouiller. Je veux voir ta jolie cicatrice, ça te rendra plus obéissante. (Ghalayan s’exécute).

Ghalayan: Je ne comprends pourquoi tu t’acharnes sur moi. Laisse-moi tranquille, N’ébranle pas l’édifice que j’ai mis des années à construire. Borkan, nous n’avons pas la même histoire, tu as eu le choix, je n’en ai pas eu. Ce sont toujours les autres qui ont choisi pour moi. Laisse-moi continuer mon chemin, ne perturbe pas ma tranquillité, aie pitié d’une pauvre âme comme moi. Je suis quand même ta sœur, tu dois comprendre mes motivations. Ne me juge pas, comprends-moi ! (Ghalayan se met à secouer Borkan).

Borkan: « C’est parce que tu es ma sœur que je veux te sauver. Pourquoi tant de changements brusques. Tu aimais la vie, tu as toujours aimé la fête, tu as même choisi de coucher avec Borh?n, tu ne t’es jamais soucié des autres. Pourquoi tant de changements, réponds-moi, pourquoi ? (Pas de réponse. Ghalayan se contente de porter le verre de jus d’oranges à ses lèvres, Borkan le lui arrache des mains)

Borkan : « Que t’es-il arrivé ? La prière n’est pas une réponse à tout, seule la parole guérit, il n’y a que les mots pour guérir les maux, ouvre ton cœur ».

Ghalayan : « Tu ne pourras pas comprendre. Jamais personne ne me croira, même pas maman, elle est si naïve ».

Borkan: « Je sais que tu souffres. Je le sens. Tu te caches derrière les étoffes, tu fais croire à maman que tu es heureuse, tu ne quittes plus la maison, papa est content. Je suis la seule à recevoir ses coups maintenant. Je ne t’en veux pas Ghalayan, tu bouillonnes, j’entends le tonnerre de ton cœur gronder, explose, transforme ta colère en déluge, en magma brûlant, et je recevrai tout sans vaciller, je t’en supplie. »

Borkan a les larmes aux yeux.

Ghalayan: « Dieu m’a punie. J’ai transgressé sa loi, et il m’a punie. Ce dont je souffre n’est qu’une part du châtiment. »

Borkan : (Enlaçant sa sœur) : « Ne sois pas comme une coquille fermée, ouvre ton cœur à ta sœur ».

Ghalayan (enlève son foulard, son visage est submergé par l’émotion) : « C’est Toufan... »

Borkan : (renverse le second verre de jus d’orange) « Toufan le neveu de papa » ?

Ghalayan : « Oui... Depuis cinq ans qu’il habite chez nous, il... »

Borkan : « Parle » !

Ghalayan : « Il me mettait un oreiller sur le visage pour m’empêcher de crier, toutes les nuits il venait dans ma chambre, toutes les nuits c’était la même chose. Il m’a menacée, il a dit qu’il allait tout révéler à papa concernant mon histoire avec Borhan... »

Borkan (tremblante) « Mais pourquoi est-ce que tu n’as rien dit, j’étais juste à côté ?»

Ghalayan : « Tu n’y pouvais rien. C’est Maktoub, comme on dit chez nous. Dieu l’a voulu ainsi. »

Houda ZEKRI

Soukaïna et Bouthaïna

Publié le 04/01/2010 à 16:45 par houdazekri Tags : virginité femme égalité parité

Tintamarre des bracelets qui s’entrechoquent, cliquetis des boucles d’oreilles pesantes et volumineuses, bruits des colliers qui se soulèvent sur les poitrines généreuses qui dansent. La musique est assourdissante. La cacophonie est à son comble. Dans un coin de la salle deux femmes discutent.

Soukaïna : (Les yeux noyés dans du Khôl et les cheveux attachés en un chignon grandiose) « Elle a fini par l’avoir. »

Bouthaïna : (Maigre comme un clou. Elle n’a jamais pu avoir d’enfants) « Il était temps. »

Soukaïna : «Ça fait combien de temps qu’ils sont fiancés déjà » ?

Bouthaïna : « Plus de quatre ans. Mais il a fini par avoir pitié de ses vieux parents. »

Soukaïna : « Tu parles, il est au chômage et il n’est pas prêt de retrouver du travail, avec sa jambe en bois et sa face de lézard, je ne vois pas ce qu’il peut faire, à part épouser un professeur de français qui travaille à la capitale ».

Bouthaïna : « Elle va donc le quitter de sitôt. On est au mois de septembre, dans quinze jours la nouvelle année scolaire va commencer ...»

La mère de la mariée vient offrir aux deux convives de verres de thé aux pignons

La mère : (Parlant avec ses mains et exhibant la bague que vient de lui offrir sa fille) « Vous nous honorez de votre présence, la fête a un autre goût quand vous êtes là. Servez-vous donc, il n’y a pas de honte à se goinfrer dans les mariages, les pignons sont un excellent remède contre la stérilité.

Soukaïna et Bouthaïna (en chœur) : « Merci Lilla Khaddouja, toujours aussi aimable ».

Lilla Khaddouja s’éloigne.

Soukaïna : « Ne t’en fais pas, attends un peu, demain sera le jour de la vengeance, tu es stérile mais Dieu te guérira, en revanche, il y des choses que rien ne guérit, il y a des trous béants que rien ne remplit. »

Boutaïna (rassurée) « Tu as vu sa bague, quel mauvais goût » !

Soukaïna : « Les filles savant parfois acheter le silence de leurs mères ».

Bouthaïna : « C’est parce qu’il a une jambe en bois qu’il va se taire » ?

Soukaïna : « On verra bien ».

La musique devient de plus en plus bruyante, les deux femmes déposent leurs verres par terre et entament une danse diabolique. Malgré sa maigreur maladive Bouthaïna n’arrêtait pas de se déhancher, Soukaïna elle, n’avait pas besoin de fournir de grands efforts pour faire vibrer son corps, la cellulite qu’elle avait accumulée depuis des années tressaillait au moindre mouvement.

La musique s’arrête. Les deux femmes retournent à leurs jacasseries.

Bouthaïna : « Tu crois qu’ils vont étendre sa chemise sur la corde de la véranda da la maison » ?

Soukaïna : « C’est son cadavre qui sera étendu à la place de sa chemise immaculée. Son frère Razi est très coléreux. L’honneur de la famille c’est son affaire.

Bouthaïna : « Lui aussi ne travaille pas, c’est sa sœur qui lui paye ses parties de belotte au café des Haschachin ainsi que ses thés à la menthe ».

Soukaïna : « Le monde est à l’envers. Voilà ce que c’est que de laisser les femmes travailler. »

Bouthaïna: « Mais c’est bien d’apprendre aux enfants à lire une langue étrangère ».

Soukaïna : « Les langue des Roumi et des Juifs, que Dieu nous en préserve, c’est cette langue qui l’a corrompue. »

Bouthaïna: « Tu sais lire et écrire » ?

Soukaïna : « Je ne suis jamais allée à l’école. Je connais quelques sourates du saint Coran, cela me suffit, à accomplir mes prières. »

Bouthaïna: « Voilà la mariée qui vient nous saluer, elle n’a même pas de henné sur les mains. »

La mariée : « Votre présence illumine notre foyer, faites-moi donc entendre vos youyous que je puisse ainsi prendre la mesure de votre joie ». (Elle leur envoie un baiser et les remercie encore une fois, puis disparaît dans la cohue des invités)

Bouthaïna : « Elle a le culot de venir nous saluer. Une putain dévergondée comme elle qui couche avec n’importe qui, ose nous demander de faire des youyous pour elle...

Soukaïna : (Lui coupant la parole) «Les youyous c’est pour les vierges qui n’ont rien à se reprocher ».

Soudain, il y a une coupure d’électricité, le mariage s’interrompt et Bouthaïna et Soukaïna sont obligées de rentrer chez elles car leurs maris respectifs les demandent, sans doute pour leur tenir compagnie, dans un silence assourdissant.

Houda ZEKRI

Déborah/Marie

Publié le 04/01/2010 à 16:44 par houdazekri Tags : athéisme

Déborah/Marie

Il est seize heures. Une jeune fille vêtue d’une jupe très longue. Ses cheveux sont cachés par une coiffe, elle porte un collier avec une étoile de David. Sur sa tête et son bras gauche elle porte des phylactères. Un châle de prière recouvre ses épaules nues. Elle est debout sur une chaise recouverte par une serviette, sa tête effectue des va-et-vient réguliers. Elle en descend doucement, avec précaution, comme par peur de casser un patrimoine fragile. Elle se plante devant le public, elle enlève ses chaussures ainsi que ses chaussettes sales. Devant elle, se dresse une bassine remplie d’eau, elle s’en approche, s’accroupit, met ses mains dans l’eau, relève la tête et regarde :

Déborah ou Marie : « Je dois faire mes ablutions » !

Elle continue à se purifier ; d’abord trois fois la main droite, puis trois fois la main gauche, puis le visage, derrière les oreilles, puis les pieds, trois fois le pied droit, trois fois le pied gauche. Elle se relève, prend la serviette qui l’attend sur la chaise, elle s’essuie soigneusement, jette la serviette et s’assied.

Déborah ou Marie : « Je me suis toujours appelée Marie. Pas la mère de Jésus, non, mais la fille de David, enfin, Paul. Jusqu’au jour où j’ai compris que je m’appelais Déborah. C’est une prophétesse. Je sais, il n’y en a pas beaucoup ».

Elle se relève, elle arpente la chambre en parlant.

Déborah : « J’ai appris ça par hasard, en tombant sur une veille lettre de remerciements écrite par mon grand-père Jacob - qui s’appelait à l’époque Mathieu- et où il exprimait sa reconnaissance vis-à-vis d’un certain Jean pour l’avoir aider à échapper à la Gestapo. La lettre n’est jamais arrivée à destination. Je dois faire ma prière ».

Déborah se rassoit

Déborah : (elle sourit) « J’ai réussi à savoir qui je suis : je suis la fille de David et la petite-fille de Jacob. Tout le monde est athée chez moi, chez nous Dieu est mort, alors je me console comme je peux, j’ai décidé de redevenir juive ».

Déborah se relève, se met debout, juste devant la bassine, elle inspire puis expire comme pour se donner du courage

Déborah : « Je suis juive ashkénaze, ma mère est alsacienne, mon père est belge, il adore les bières, les moules, les frites et ma mère le lui rend bien, elle l’a quitté l’année dernière pour partir avec un certain Mohammed, un Irakien moustachu et très viril, depuis il n’aime plus que la bière. »

Déborah entreprend d’enlever les phylactères.

Déborah : « Ce que ça serre ce truc, ce que c’est compliqué cette religion, quelle idée de vouloir prier cinq fois par jour en enfermant des versets dans des boites et en les nouant autour du bras et de la tête. (Elle retire sa coiffe) Ce qu’il y a de plus beau chez moi, ce sont mes cheveux, je ne veux pas les cacher sinon plus personne ne s’intéressera à moi. (Elle retire son châle) Pourquoi vouloir mettre un châle sur la tête pour prier, ça ne suffit pas la coiffe, et puis c’est quoi ces franges, on dirait des pompons, et puis cette jupe est très longue, je vais la raccourcir (elle cherche sa paire de ciseaux qui est sous la chaise, elle découpe la jupe avec minutie).

Débarrassée de tout ce fatras inutile, elle s’allonge par terre, arrache son collier.

Marie : « Je m’appelle Marie. Je suis française. Dieu c’est encombrant, six-cent-treize commandements pour un seul être humain c’est trop, demain qui sait, je me convertirais peut-être au Bouddhisme c’est plus zen ».

Un homme rentre dans la chambre, il jubile.

Paul: « Marie qu’est ce que tu fais encore avec cette bassine, ta mère revient à la maison, Mohammed l’a lâchée, Paul la reprendra, comme on reprend une brebis égarée. »

Marie : (toujours couchée) « Amen, ainsi a parlé mon Père ».

Houda ZEKRI

Pandore et Tiaamat

Publié le 04/01/2010 à 16:42 par houdazekri Tags : pandore chez roman voyage vie enfants bonjour animaux soi carte papier cadeaux prénom affiche
Pandore et Tiaamat

Une boîte aux lettres. Des noms. Une porte.

La porte s’ouvre brusquement, sort Pandore en chaussons et en pyjama, elle se dirige d’un pas pressé vers sa boîte aux lettres, elle regarde sa montre qui affiche midi pile, l’ouvre, en tâte les parois avec soin, rien. Elle repart en traînant des pieds, ouvre la porte et s’engouffre chez elle. A peine deux minutes après, elle quitte à nouveau son chez elle, même manège, même déception. Encore deux minutes et elle quitte son appartement, cette fois ses pas sont lents comme pour savourer sa défaite. Apparaît Tiamaat dans le couloir élégamment vêtue, elle s’apprête à prendre l’ascenseur, mais Pandore l’interroge.

Pandore : « Tu ne regardes pas ta boîte aux lettres » ?

Tiaamat : « Bonjour Pandore, toujours en pyjama, tu ne sors jamais » ?

Pandore n’ose pas ouvrir sa boîte aux lettres, elle préfère faire traîner la conversation.

Pandore : « Tu n’attends pas de courrier pour aujourd’hui » ?

Tiaamat : « Si, si. J’attends ma quittance de loyer, ma facture E.D.F, mon catalogue 3 suisse et un bouquin que j’ai commandé sur La vie des animaux carnivores ».

Pandore semble suspendue aux lèvres de sa voisine.

Tiaaamt : « Nous sommes dimanche aujourd’hui, il n’y a pas de facteur, pas de factures non plus, juste une petite fracture dans ton petit cœur bien saignant ».

Pandore fait la sourde oreille. Elle ouvre sa boîte aux lettre, en sort un papier.

Pandore (déçue) : « C’est juste de la publicité. Aujourd’hui nous sommes lundi, avec tes trous de mémoire, tu m’as foutu une sacrée trouille. (Comme pour se persuader elle-même) Nous sommes lundi, j’en suis persuadée, c’est le jour de repos de Mardouk ».

Mardouk est le frère de Tiaamat.

Tiamaat: « Mardouk a toujours travaillé le lundi, c’est plutôt mardi son jour de repos, mais peut-être que ça a changé cette semaine, il y a toujours de nouveaux plannings. L’humeur de Mardouk change aussi souvent que ses plannings hebdomadaires. »

Pandore piaffe d’impatience. Elle réouvre sa boîte aux lettres.

Pandore : « je préfère être sûre, parfois j’oublie de bien passer mes doigts sur les parois de la boîte alors qu’un courrier important m’y attend ; une convocation de la part de la préfecture des Hauts de Seine, une invitation à quitter le territoire, un entretien d’embauche et .... »

Tiamaat : « Ne t’en fais pas Pandore. Mardouk t’aime ».

Pandore : « Ma famille ne l’aime pas, mon père dit qu’il a un certain accent indéfinissable qui lui rappelle une vague connaissance, un certain Albert, un pied noir, ma mère dit qu’il veut m’épouser pour avoir la nationalité française et ma sœur Pénélope trouve qu’il voyage trop et pas que pour des motifs professionnels. C’est vrai qu’il voyage beaucoup, d’ailleurs il ne me ramène jamais de cadeaux, à peine une carte postale sans enveloppe, toujours la même, avec un chameau et un coucher de soleil, les dents du chameau sont bizarres et le coucher de soleil est douteux. Aujourd’hui c’est lundi et j’attends ma carte.

Tiamaat a pitié de Pandore. Elle s’approche d’elle, lui pose la main sur l’épaule droite et la regarde dans les yeux.

Tiamaat: « Ferme donc cette boîte, Pandore, elle est le ventre du malheur. Jamais personne ne te retirera ta nationalité française tu m’entends ? (Pandore remue la tête en signe d’acquiescement) Aujourd’hui c’est dimanche, Mardouk ne travaille pas mais il est en voyage, en perpétuel voyage, il n’aime pas les rivages, Mardouk t’aime à sa façon mais il a décidé de ne plus t’envoyer de carte, il dit que tu n’aimes pas les chameaux ».

Pandore : « C’est vrai, mais je préfère attendre, peut-être qu’il va changer d’avis. Il ne te dit pas tout tu sais, il m’aime, je l’aime, nous allons avoir plein d’enfants, on les appellera sans les nommer, juste « nos enfants », mes parents les aimeront, ils accepteront Mardouk, ils ne se moqueront plus de moi ».

Tiamaat « C’est ça Pandore. Ferme la boîte. Demain est un autre jour. Repose-toi bien, moi je dois partir, Sisyphe m’attend, depuis sept ans déjà, depuis sept ans, il porte le rocher de sa patience sur son dos, c’est un chameau. Mes parents ne l’aiment, ma mère me dit qu’il n’est pas circoncis, qu’il n’est pas assez généreux, bref qu’il est trop parisien, mon père n’aime pas son prénom et sa soi-disant froideur, seul Mardouk le trouve génial, il trouve qu’il a beaucoup d’humour ».

Pandore s’avance vers sa porte, ses pas sont de plus en plus lourds.

Pandore: « J’attends. Personne ne m’attend. Est-ce que tu peux m’envoyer une carte pour Noël, avec deux ours en peluche et un cœur gigantesque. Ne l’envoie pas par la poste, ça prendra beaucoup de temps, achète-là maintenant, écris-moi quelques phrases et glisse-là sans bruit dans ma boîte ».

Pandore rentre chez elle, referme la porte. La réponse de Tiamaat est très tardive. Elle regarde la porte close, se dirige vers l’ascenseur, elle s’arrête un instant, se ravise puis revient à la boîte aux lettres, elle l’ouvre, en sort une carte postale : Un chameau qui attend une coucher de soleil qui ne viendra jamais.

Tiamaat: « Mais Pandore avait raison, c’est lundi, seul mon frère a pensé à moi, il sait que j’adore les chameaux, quant à Pandore elle a ouvert la boîte ».

Houda ZEKRI