La veille, il a jeté la dernière bouteille,

S’est totalement purifié, du crâne à l’orteil,

Sous les aisselles et même derrière les oreilles

Finies, les arrosées ripailles

Finies les matinales maritales retrouvailles

Sa maîtresse, même, a renvoyé au bercail

Monsieur était sur la paille,

Et ne pouvait entretenir la légitime et la semi-en épousailles

Car le Saint Mois était avide d’oseille

La veille, il a acheté tout un attirail

Une ouvragée calotte, des babouches et un chapelet vermeil

Un sarouel, un tapis avec boussole intégrée et un qamis de grande taille

Du khôl sublimera son oeil

Et le sceau de la piété brillera sur son front

Il ne jeûnera pas et fumera sa première cigarette au réveil

Prendra son café avant d’aller au travail

Mais prières à la mosquée, il ne manquera jamais

Et devant les tables garnies, se gavera

Les garnements transgresseurs, sermonnera

Et les plus hardis, dénoncera

La veille, il a trouvé la faille

Il l’a juré devant Dieu et ses ouailles

Plus jamais de représailles

Plus de loyer, plus de misère

Plus de prélèvement, plus d’endettement

La veille, il s’est converti à la duplicité, comme ses pareils

Houda ZEKRI

21 juillet 2013