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Clandestinopolis
Houda sous tous les angles

critique théâtrale

La forêt pendue à un arbre

Publié le 03/08/2010 à 11:26 par houdazekri Tags : 2010 mort image voyage danse
La forêt pendue à un arbre

 

« Ça fuse de partout, ça vous submerge, ça vous envahit . Pas de répit. Il faut être aux aguets, distinguer le moindre son : raclements, grognements, tintements, grattements, esclaffements, grésillements, craquements, égouttements, chuintements, bourdonnements… Il faut être à l’affût de la moindre image, il faut que l’œil qui regarde tombe comme le suggère Antonin Artaud, qu’il abandonne son orbite, qu’il se multiplie, qu’il s’allonge, se tende, se détende, se divise car les lumières stroboscopiques aux couleurs violentes ou feutrées altèrent la perception, le corps qui danse qui se décompose, qui se roule qui enlace, qui sue, qui se convulse de l’intérieur, qui se meurt, qui se métamorphose, qui renaît à chaque instant, presque nu, suintant, tortueux, corps –espace, corps terre, brouille la vision, angoisse parfois, entre un rire qui éclate et un cri qui déchire…

Ça vous oblige à détruire pour reconstruire, à mouvoir, à graviter ,à inventer une nouvelle cosmogonie, à douter de la pesanteur car l’arbre est là, ou plutôt ce qui reste de l’arbre, un tronc sec et noueux, sus-pendu entre ciel et terre, rattaché à deux mondes par un cordon ombilical, le cordon de la mort, le cordon-potence, arbre coulé et coulant dont l’ombre-prolongement transperce un cercle de terre et de poussière, un cercle-cratère avec éruptions, métamorphoses et humeurs, terre qui tremble, qui bouge, boursouflures, terre qui expulse et qui recueille, terre de la naissance et du repos éternel, terre qui enlace les chairs, qui se nourrit de peau, de chevelure et d’os.

Ça vous transporte et ça vous dérange, ça dérange vos certitudes de spectateur contemplateur passif, bien installé dans le confort de son fauteuil rouge. Vous croyiez que ça allait être immuable, que durant cinquante minutes, on allait juste vous demander silence, attention avec pour couronnement quelques applaudissements, et paf ! Le mur s’écroule, ils viennent d’en haut, d’en bas, de tous les côtés, ils sont masqués-même les masques sont à l’envers annonciateurs d’un ordre renversé-ils vous sollicitent, ils vous mettent un objet dans la main, vous intiment des ordres, puis vous retirent la friandise, abruptement et sans ménagement, ils vous posent des questions, ils vous scrutent, ils vous perforent du regard et vous devenez transparent, ils vous liquéfient et vous invitent d’un geste simple et ferme à quitter vos emplacements, à les suivre sans ronchonnements, sans interrogations, à leur faire confiance, ils écartent juste un rideau pour vous inviter à visiter une autre dimension, la porte est petite, vous êtes obligés de vous plier, de vous contracter, mais vous finissez par passer, de l’autre côté… Dans un autre monde avec un autre démiurge-danseur… Pas de fauteuils, pas de repères, pas de conventions, juste des circumambulations, des circonvolutions et une voix qui psalmodie une litanie de colère … C’en est fini des « mon père a dit », ici pas de géniteur castrateur, juste la terre circulaire, juste des grains fins qui adhèrent au corps en transe, juste des totems étranges avec des pictogrammes indéchiffrables et le son, un son ininterrompu qui ne vous laisse pas le temps de réfléchir, vous êtes dedans, vous êtes à l’intérieur et vous êtes invités à devenir acteur, les corps vous frôlent, une main tendue comme une prière s’agrippe à vous, vous tâte, vous presse puis vous lâche d’un seul coup, un corps vous enlace, un corps en mouvement, un corps vous respire et vous aspire, un corps en sueur et en jeu, un corps-performance qui vous quitte pour revenir à la terre-matrice et ça fuse encore, chaque bruit est une invitation, vous ne savez plus où donner de la tête, les matériaux se mélangent, les nuances s’accentuent, les sonorités vous enivrent, vous plongent en vous-même, vous voilà enfin prêts spectateurs/acteurs à accomplir le voyage, vous avez eu votre dose de peyotl, vous êtes prêts pour l’ascension finale, mais les lumières se tamisent, le corps est au repos, il n’y a plus de lumière, c’est fini. Tout est à recommencer…

Ça vous peine mais vous êtes heureux. Ça c’est la « Forêt pendue aux arbres», un spectacle qui vous prend à la peau et qui vous invite à délivrer la forêt, à délivrer la terre toute entière, à délivrer le moi de ses nœuds coulants et de ses carcans… Ça c’est NOUS… La Compagnie Nous avec des artistes protéiformes, une pincée de chamanisme, une larme de Buto et beaucoup de générosité.

Par Houda Zekri

Le 24-07-2010